Enjeux électoraux

14 mars 2014

Sans surprise, nous voilà à nouveau plongés en campagne électorale. Au-delà des grands dossiers nationaux dont les médias nous inonderont au cours des prochaines semaines, le scrutin du 7 avril revêt pour les Îles-de-la-Madeleine une importance capitale alors que les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont importants et nombreux. Pour que l’exercice démocratique soit porteur, cette campagne devra permettre de juger de la vision d’avenir des candidats en présence et donner lieu à des engagements concrets de leur part.

La présente élection dans l’archipel aura ceci de particulier qu’elle mettra aux prises pour la première fois de notre histoire récente, deux personnalités politiques qui ont tour à tour occupé le siège de député. S’ils devaient être les deux seuls candidats en lice, ce serait une première depuis l’élection de 1994. Pour ajouter à la vitalité démocratique de l’exercice, il faut néanmoins espérer que les deux autres partis représentés à l’Assemblée nationale présentent un candidat. Les tiers partis ont cumulé un peu plus de 10% des voix lors du dernier scrutin dans l’archipel, du jamais vu depuis l’effondrement de l’Union nationale il y a plus de 30 ans!DSCF3018

À leur troisième affrontement électoral d’affilée, la péquiste Jeannine Richard et le libéral Germain Chevarie, feront tous deux valoir leur expérience de député au pouvoir et leur bilan respectif. Ils vanteront l’équipe à laquelle ils adhèrent, le leadership de leur chef et défendront la plate-forme de leur parti.

Chacun présentera sans doute un programme électoral local. Dans le contexte économique actuel et compte-tenu de l’état des finances publiques, les candidats doivent faire preuve de réalisme, d’humilité et de vision. Pour que l’élection soit autre chose qu’un vain concours de popularité, ils doivent sortir des lieux communs, mettre de côté les listes d’épicerie et dire clairement où ils logent sur les enjeux-clés pour l’archipel.

Prenons l’exemple de la reconnaissance des surcoûts de l’insularité dont on se gargarise depuis l’élection de 2008. S’agit-il d’une reconnaissance à la pièce, dossier par dossier, ce qui ne change rien à rien, ou d’une mesure d’adaptation globale pour contrer le mur à mur? Les Îles ont besoin d’un outil qui permettrait aux fonctionnaires de tous les ministères d’appliquer la «clause insularité» aux divers programmes. Il ne s’agit pas ici d’accorder un traitement de faveur aux Madelinots mais de leur permettre de développer des projets pour leur milieu sur les mêmes bases que les québécois du continent. Ainsi, on règlerait notamment la question d’équité dans le financement des infrastructures publiques, les mesures d’adaptation à l’érosion, la construction de routes et de logement sociaux.

En cette période de ralentissement économique aux Îles, le dossier de l’économie et de l’emploi est par ailleurs fondamental. Les candidats ont la responsabilité d’expliquer en quoi l’approche de leur parti respectif bénéficiera aux Madelinots. Chacun des partis parle de création d’emploi, de dizaines de milliers d’emplois. Or, dans un archipel qui dépend largement du travail saisonnier et des transferts gouvernementaux, dans un contexte où les pêches vivent des temps difficiles et la fréquentation touristique stagne, où nos candidats voient-ils concrètement les emplois durables se créer? Quelle est leur vision de la diversification économique locale?

L’exploitation des ressources naturelles et l’énergie sont d’autres enjeux où l’on doit espérer mettre fin au flou artistique, maintenant que les conclusions de l’EES II et du BAPE sont connues, que des manifestes de toutes tendances ont été publiés. Pour peu que l’on veuille bien lire les documents, toute l’information est désormais disponible, l’heure est venue de prendre position! D’accord ou non avec l’exploration et l’exploitation pétrolière au large des Îles? Et en milieu terrestre? Et si oui, quels en seraient les bénéfices locaux? Les Madelinots auront-ils voix au chapitre? Peut-on espérer que le gouvernement accorde une prise de position prépondérante ou un droit de véto aux insulaires? Quelle est l’opinion des candidats sur le raccordement de la centrale d’Hydro-Québec au continent? Appuient-ils la recommandation en ce sens de la Commission sur les enjeux énergétiques? Quelles sont leurs convictions profondes?

Le maintien des services publics gouvernementaux représente un autre volet important du travail politique du député. Peut-on espérer régler une fois pour toute le déficit structurel du Centre de Santé et des services sociaux des Îles afin de soulager enfin les patients comme le personnel de l’angoisse des restructurations perpétuelles? Les projets d’abolir ou de fusionner les commissions scolaires ne risquent-il pas de déplacer le pouvoir décisionnel local du côté de la Gaspésie? S’engage-t-on à défendre un financement adéquat pour l’éducation supérieure et la pérennité du cégep des Îles?

Pendant cette campagne, il est aussi à espérer que le nouveau conseil municipal saisisse cette opportunité pour établir et faire valoir ses grandes priorités. En matière d’infrastructures, bien-sur, mais surtout en regard des grands défis de développement que le projet de territoire Horizon 2025 a très clairement identifiés.

D’ici le 7 avril prochain, les candidats qui briguent le poste de député doivent se présenter aux électeurs non pas comme le meilleur père Noël ou le plus rapide guichet automatique de subventions mais en tant qu’acteur politique de premier plan, porteur d’une vision de développement concrète et de solutions durables pour l’archipel.

 

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