Les Îles, un baromètre

Les résultats électoraux du 7 avril confirment une fois de plus le statut des Îles-de-la-Madeleine comme une circonscription baromètre. En élisant le libéral Germain Chevarie, les Madelinots se sont inscrits dans la tendance pan-québécoise qui a porté Philippe Couillard au pouvoir avec une écrasante majorité. Cela est indéniable, les gens des Îles préfèrent «voter du bon bord».

Depuis la fin des années 1960, seuls les députés Georges Farrah (1993) et Maxime Arseneau (2007) ont su résister à la mouvance nationale et ont été élus par les Madelinots pour siéger dans l’opposition, forts d’une notoriété ministérielle et d’un important capital de sympathie dans l’archipel.

La majorité de 818 voix obtenue par M. Chevarie est inférieure à celle de 1060 voix qu’avait enregistrée la députée péquiste sortante, Jeannine Richard, au scrutin de septembre 2012. Le nouveau député libéral des Îles fait toutefois nettement mieux que les quelque 300 voix de majorité qu’il avait enregistrés à l’élection de décembre 2008 lors de son premier affrontement contre la candidate péquiste.

Les résultats locaux permettent d’observer une légère redistribution de l’appui des Madelinots envers les tiers partis en faveur du PLQ. Il est probable que la baisse des votes pour la CAQ aura bénéficié au parti Libéral, tandis que l’augmentation des suffrages pour Québec Solidaire aura drainé près d’une centaine de voix des rangs péquistes. Cela dit, l’élection de M. Chevarie découle principalement du fait que quelques centaines de Madelinots sont simplement passés du camp péquiste au camp libéral, pour voter du bon bord.

Cela ne signifie pas que les électeurs, individuellement, n’ont pas exercé leur choix de façon convaincue et réfléchie. On dit d’ailleurs que les Québécois votent davantage pour défaire un gouvernement que pour en élire un nouveau. Selon cette logique, les Madelinots insatisfaits auraient ainsi tourné le dos au gouvernement Marois et à leur députée Jeannine Richard, comme ils l’avaient fait il y a un an et demi avec le gouvernement Charest et son député Germain Chevarie. Pour ensuite réélire ce dernier, 18 mois après qu’il eut publiquement blâmé les médias pour sa défaite en 2012, déploré l’ingratitude des électeurs et disparu de vie publique jusqu’au déclenchement de la présente campagne électorale. Si la mémoire est une faculté qui oublie, on peut certainement conclure qu’en politique, les électeurs ont la mémoire courte.

Et dans le court terme, les Madelinots ont certainement exercé un jugement sur la cohérence des choix du gouvernement Marois et l’avancement des dossiers locaux. Les attaques répétées de M. Chevarie sur le peu d’influence de son adversaire au sein du gouvernement auront sûrement renforcé la perception de certains. La décision stratégique de la Première ministre d’ignorer la région lors de la campagne électorale n’aura rien fait pour dissiper cette impression.

On peut aussi penser que plusieurs électeurs regardent essentiellement vers l’avenir, écoutent ce que les partis et leurs candidats ont à offrir et exerce leur jugement. Qu’elle qu’en soit l’importance au moment de voter, les engagements électoraux du candidat élu sont désormais les seuls indicateurs de performance qu’il nous reste.

Le nouveau député des Îles a promis d’être le député de tous les Madelinots. Il devra ainsi s’élever au-dessus de toute partisannerie et faire preuve d’un sens de l’équité hors du commun. Il s’est engagé à obtenir l’inscription d’une «clause d’insularité» à l’ensemble des programmes gouvernementaux. Ce serait un gain sans précédent pour l’archipel.

M. Chevarie a reproché à la députée sortante les compressions budgétaires au CSSS des Îles. Celui qui a été directeur de l’hôpital devra assurer le maintien des services et résoudre en tant que député le déficit chronique du CSSS qui était déjà bien présent sous son règne. Il a également critiqué le manque de transparence qui a entouré la vente des actifs de Cap-sur-Mer. Il devra non-seulement faire la lumière sur l’entente avec LA Trading mais expliquer aux Madelinots ce qui entraîné le gaspillage de plus de 30 M$ en fonds publics sous le règne libéral qu’il l’a précédé et confier au Vérificateur général du Québec le soin de découvrir où est allé tout cet argent.

Le député Chevarie a réitéré son préjugé favorable envers l’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière dans le Golfe comme en milieu terrestre. Il devra consulter les Madelinots, prouver que l’archipel bénéficiera de ces projets et s’assurer de leur acceptabilité sociale.

Le député Chevarie obtient aussi, et surtout, le mandat prioritaire de consolider l’économie des Îles et de créer des emplois. Le nombre d’emplois nouveaux découlant de la stratégie maritime du PLQ, de l’établissement d’une véritable industrie du loup-marin promise par le député et les millions d’investissements promis aux infrastructures seront les principaux indicateurs de succès.

Notre député a donc beaucoup de pain sur la planche. Un poste au sein du cabinet ministériel comme seul député libéral à l’est de Rivière-du-Loup serait pour lui un atout.

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