C’est quand le contact est coupé que notre dépendance totale aux moyens de télécommunication nous saute aux yeux. Les résidents, commerces et institutions du secteur est des îles l’ont appris à leurs dépends le 31 juillet dernier. Les interrogations que cette interruption de tous les services de communication suscite valent pour les extrémités des îles comme pour l’ensemble de l’archipel est ses liens avec le continent.
Bien que, par définition, on ne peut pas prévoir l’imprévisible, les pouvoirs publics doivent au moins s’organiser pour y faire face, anticiper les situations d’urgence ou de vulnérabilité afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens et prévoir les mesures de rétablissement. C’est le propre d’un plan de contingence. Quand on recueille les points de vue divergents de Télébec et de la municipalité sur l’incident du 31 juillet, on en conclue qu’il n’y a pas que les communications électroniques qui ont été coupées ces derniers temps et qu’il faut sans délai rétablir la communication entre les parties, répartir les responsabilités, convenir d’un véritable plan de match et se doter des moyens adéquats pour faire face à la musique.
Puisque l’incident du 31 juillet aura été sans conséquence, on pourrait tourner la page et espérer candidement que cela ne se reproduise plus. Cela serait évidemment irresponsable.
N’oublions pas qu’avec la mise à niveau du réseau terrestre, effectuée aux Îles en 2011, la fibre optique regroupe désormais la quasi-totalité des services en télécommunications du territoire d’un bout à l’autre de l’archipel : l’ensemble de la téléphonie filaire, cellulaire et de la câblo-distribution et une bonne partie de la clientèle de l’internet. Cette mise à niveau du réseau, bien que la propriété privée de Télébec, a été financée à hauteur de 3 millions de dollars par les fonds publics du Québec, de la municipalité et des commissions scolaires. Il n’est donc pas exagéré de demander au télécommunicateur d’assurer un service sans faille, et d’informer les autorités compétentes et le public au moindre incident.
L’importance des télécommunications dépasse d’ailleurs largement notre dépendance personnelle croissante à internet, aux réseaux sociaux et aux jeux en lignes dont les effets pervers dépassent hélas bien souvent les bienfaits. C’est par le réseau de télécommunications que passent l’ensemble des appels aux services d’urgence en santé, services d’incendie et policiers. Autrement dit, personne ne vérifie l’état du réseau de télécommunication avant de faire un infarctus…
La surveillance, l’entretien et la réparation des réseaux publics routiers, d’électricité et d’alimentation en eau potable dépendent aussi largement d’un système fiable de télécommunications. Cela est encore plus crucial en cas de tempête ou de catastrophe naturelle.
Il faut aussi souligner que l’activité économique d’aujourd’hui repose presqu’entièrement sur les télécommunications et le commerce électronique. Qu’importe le secteur, tous les milieux de travail dépendent soit du téléphone, du cellulaire, de l’internet ou des trois. Sans internet, sans paiement direct ou par carte de crédit, combien de commerces peuvent poursuivre leurs opérations? Sans guichet automatique ni carte de crédit, combien d’heures ou de jours pourrions-nous tenir? Combien d’argent liquide avez-vous dans vos poches ou sous votre matelas?
On le voit, un bris du lien de télécommunication terrestre aux Îles ou du lien sous-marin avec le continent nous exposent à bien des risques que nous devons anticiper.
Télébec n’avait pas hésité à manifester son inquiétude, en 2012, lors du bris de l’un des deux câbles sous-marins qui relient l’archipel au continent. Si le télécommunicateur opère ce câble en roi et maître depuis 10 ans, et de façon à limiter la concurrence – mais c’est un autre sujet – il n’en est pas le propriétaire. C’est parce que l’entreprise responsable de son entretien, IT Telecom, tardait à réparer le câble que Télébec parlait alors de l’importance d’un plan de contingence, si le deuxième câble en venait à se sectionner à son tour.
Les causes du bris du lien sous-marin n’ont jamais été clarifiées. Par ailleurs, l’usure prématurée de la gaine de protection des câbles en bordure des côtes est documentée. Qu’en est-il du plan de contingence?