Le tourisme, une responsabilité collective

L’industrie touristique continue de prendre une place de plus en plus importante dans l’économie des Îles, si bien qu’elle est en voie de supplanter les pêches comme principal moteur économique de l’archipel. Richesse collective, le tourisme est plus que jamais une responsabilité collective que doivent partager tous les Madelinots.

La Journée du tourisme 2014, tenue la semaine dernière, nous a permis d’apprendre que les retombées directes et indirectes de l’industrie touristique se chiffrent désormais à plus de 100 millions de dollars par année. Or, si la place du tourisme dans notre économie augmente, la fréquentation touristique, elle, stagne depuis une dizaine d’années.

L’archipel est en compétition avec le reste du Québec, sinon avec le monde entier, en ce qui concerne le développement touristique. Destination unique en son genre, l’archipel tire tout de même bien son épingle du jeu, quand on pense à la vitalité du tourisme gourmand et culturel, notamment. Pour rendre les Îles encore plus attrayantes, et accroître l’impact économique du tourisme, plusieurs pistes existent, lesquelles représentent autant de défis collectifs.

Un tourisme équitable

Le développement de l’industrie touristique n’est d’ailleurs pas que l’affaire des gens de l’industrie. C’est l’affaire de tous. Il est en effet révolu le temps où certains pouvaient se plaindre de ce que l’achalandage touristique ralentissait la circulation sur nos routes, réduisait les inventaires en épicerie ou limitait l’accès aux restaurants pour les résidants locaux.

Un très grand nombre des entreprises de services et la totalité des services touristiques dépendent bien entendu de l’achalandage touristique. S’en plaindre serait comme de déplorer l’amélioration de nos conditions de vie aux Îles. Comme un pêcheur qui se plaindrait de ses bonnes captures ou un commerçant qui déplorerait l’augmentation de ses ventes…

L’un des fondements de la Politique-cadre de développement touristique, adoptée en 2006, repose sur le tourisme équitable, c’est-à-dire que les retombées du tourisme bénéficient au plus grand nombre. L’archipel y réussit bien, la multiplication des petites et moyennes entreprises de propriété locale et des emplois qui s’y rattachent en sont une illustration éloquente.

Protéger le paysage

Un autre des fondements de cette politique réfère au tourisme durable. C’est là que résident les enjeux relatifs à la préservation et à la mise en valeur de nos paysages, à l’aménagement du territoire, à la protection de la qualité de notre environnement, et à la saine gestion des terres publiques.

Aujourd’hui comme hier, les visiteurs sont charmés par les buttes ondulées et verdoyantes, la quiétude des plages à perte de vue, la beauté sauvage des terres publiques, les maisons colorées parsemées le long des chemins sinueux et par les falaises baignées par la mer.

C’est donc pour protéger ces paysages que la municipalité a resserré sa règlementation depuis plus d’une dizaine d’années. Plans d’implantation et d’intégration architecturale, règlement sur les usages conditionnels, règlement sur la circulation hors route, ces outils, parfois contraignants pour les insulaires, sont absolument essentiels pour préserver l’intégrité des milieux naturels et notre pouvoir d’attraction auprès des visiteurs.

Or, les outils de gestion du territoire doivent encore être affinés afin d’en arriver à une gestion intégrée et exemplaire de nos paysages. C’est ainsi que le projet de caractérisation des paysages, de développement d’une charte et d’outils de gestion par canton apparaît d’une valeur inestimable. Ce travail mené conjointement pas la municipalité et la CRÉ Gaspésie-Les-Iles pourrait mener, à terme, à l’établissement d’un Géoparc reconnu par l’UNESCO.

Cette initiative aurait le double avantage d’assurer la protection de nos milieux naturels et de nos paysages habités pour l’avenir, tout en devenant un outil de promotion touristique exceptionnel. Le principe s’apparente au développement des labels de pêches durables où la protection de la ressource se conjugue à une stratégie de commercialisation du produit. Cela ne se fait pas sans compromis, mais les dividendes à long terme sont évidents.

De nouvelles clientèles

Si le taux d’achalandage plafonne depuis une décennie, c’est que l’archipel puise l’essentiel de sa clientèle dans le tourisme familial, une clientèle très majoritairement québécoise qui voyage entre la fin des classes et la rentrée. Ce bassin offre peu de place à la croissance, sans compter que la capacité d’accueil estivale de l’archipel peut difficilement être augmentée.

C’est ainsi que les efforts d’étalement de la saison ont permis de développer un certain achalandage automnal en provenance des Maritimes et de la Nouvelle-Angleterre. Le développement des croisières internationales s’inscrit dans la même veine.

Les pistes les plus prometteuses demeurent toutefois le tourisme d’affaires et la forfaitisation de la destination.

La clientèle d’affaires constitue un apport économique inestimable dans la très grande majorité des destinations touristiques du Québec et d’ailleurs. De Montréal à Québec en passant par Mont-Tremblant et Charlevoix, une partie importante des recettes touristiques découlent des rencontres d’affaires. Il y a une niche pour les Îles dans ce secteur, pour peu qu’un transport rapide, efficace et à prix abordable puisse être disponible. Cela ne peut être financièrement envisageable qu’avec une capacité d’accueillir aux Îles des avions de plus grande envergure.

La forfaitisation touristique emprunte le même chemin. Seule l’offre de vols touristiques nolisés, vendus à forfait pour une ou deux semaines, permettra aux Îles de faire face à la concurrence grandissante des destinations soleil, même en saison estivale.

Dans les deux cas, l’allongement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Havre-aux-Maisons demeure le point de départ. À moins d’un an de l’élection fédérale, il faut en faire une priorité collective territoriale.

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