L’année 2015 s’annonce riche en événements qui affecteront nos vies sur le plan politique, social, environnemental et économique.
L’élection fédérale, prévue en octobre, permettra de faire un bilan du régime conservateur au programme réformiste et d’en évaluer les conséquences sur une région comme les Îles-de-la-Madeleine. Les partis d’opposition devront pour leur part présenter des alternatives concrètes au modèle actuel de gouvernance. La réforme de l’assurance-emploi, l’approche centralisatrice en développement économique régional, l’accès aux ressources halieutiques, l’effritement de l’expertise scientifique, l’allègement des contrôles environnementaux et le maintien du régime du pêcheur-propriétaire devront faire l’objet de débats.
Pour l’archipel, l’enjeu du transport sera dominant et nécessitera des engagements politiques à l’égard de l’allongement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de même que du financement à long terme du service de traversier et du remplacement éventuel du Madeleine.
Entretemps, au Québec, les premiers effets concrets du régime d’austérité du gouvernement Couillard se feront ressentir. Jusqu’où iront la révision du panier de services et des programmes gouvernementaux, l’augmentation des tarifs et la réduction des effectifs au nom du déficit zéro ? Comment cela se traduira-t-il sur le terrain, dans un archipel si dépendant du rôle de l’État ?
En santé, le nouveau Centre intégré de santé et de services sociaux aura-t-il les moyens de son autonomie et de ses ambitions face aux 19 grands CISSS du Québec, dans un contexte de compressions ? Il en va de même pour la petite Commission scolaire des Îles qui devrait être maintenue, mais dont l’effectif scolaire et les ressources diminueront, alors que la reconfiguration du réseau est encore incertaine.
En matière de développement régional, la récente coalition contre l’abolition des structures de développement, comme les CRÉ et les CLD, arrivera-t-elle à se faire entendre du gouvernement et à influencer ses décisions? Le mouvement prendra-t-il racine dans l’archipel et qui en prendra la direction ?
Le gouvernement a choisi de sabrer les budgets de développement régional et de réduire ses transferts aux municipalités tout en leur confiant davantage de responsabilités à cet égard. Qu’adviendra-t-il de la concertation et de l’expertise en soutien aux projets d’affaires ? Plusieurs organismes du milieu auront du mal à boucler leur budget cette année, avec au premier chef, la municipalité.
La Municipalité des Îles amorce d’ailleurs l’année 2015 sans avoir adopté son budget. Après avoir évoqué maintes fois des réductions de services, tout en promouvant des projets d’investissements majeurs, l’administration municipale arrive à l’heure des choix. L’avenir des arénas devrait aussi être scellé dès février, alors qu’on nous promet une vaste consultation suivie d’un référendum.
Plusieurs dossiers environnementaux feront sans aucun doute la manchette encore une fois en cours d’année, tels l’enquête du ministère de l’Environnement sur le déversement de diesel dans le port de Cap-aux-Meules, la décontamination des puits de la SOQUEM, et les fuites à l’épave du Corfu.
Il sera intéressant de voir si le ministre de l’Environnement, David Heurtel, viendra enfin dans l’archipel. En outre, ce dernier n’a toujours pas donné suite aux recommandations du BAPE sur les nappes phréatiques et l’exploitation gazière et pétrolière.
D’ailleurs, la baisse vertigineuse des prix du baril de pétrole ne signifie pas nécessairement que le dossier de l’exploitation dans le Golfe est clos. Une loi sur les hydrocarbures est en cours d’élaboration. Québec a également lancé en toute hâte une nouvelle ronde de consultation sur une nouvelle politique énergétique. Les Madelinots avaient obtenu des audiences dans l’archipel, il y a moins de deux ans. Les enjeux liés à la centrale thermique, à la pétrodépendance et aux changements climatiques ne sont pas moins criants aujourd’hui.
On peut néanmoins se réjouir de ce que la chute des cours du pétrole et la baisse du dollar canadien apporteront une bouffée d’oxygène à l’industrie des pêches, favorisant l’exportation et la réduction des frais d’exploitation des entreprises. La baisse du prix de l’essence, si elle se maintient, pourrait aussi favoriser l’industrie touristique.
