Le cycliste madelinot Hugo Barrette a remporté trois médailles, deux fois l’or, une fois le bronze, aux Jeux panaméricains de Toronto la semaine dernière. Si les Madelinots éprouvent avec raison une grande fierté de voir l’un des leurs accéder à l’élite sportive mondiale, il est d’autant plus réjouissant pour nous de découvrir en lui un brillant ambassadeur de l’archipel.
Pour mieux apprécier les accomplissements de l’athlète de 24 ans, il faut prendre la mesure de ses exploits. Hugo est le premier Madelinot à faire partie d’une équipe sportive nationale – toutes disciplines confondues. Il était ainsi le premier à prendre part aux Jeux panaméricains et, évidemment, le premier à se couvrir d’or. Comme si cela n’était pas suffisant, Hugo a signé un nouveau record canadien au sprint individuel, franchissant les 200 mètres de piste en 9,978 secondes, à un millième de seconde du record des Jeux panaméricains. En clair, Hugo Barrette est présentement l’homme le plus rapide à vélo de toutes les Amériques, notre Usain Bolt sur deux roues («l’éclair» jamaïcain du sprint), notre éloize des Îles, pourrait-on dire! Dès l’an prochain aux jeux de Rio, Hugo Barrette pourrait devenir le premier madelinot à vivre le rêve olympique, avec de sérieuses chances de monter sur podium.
Un ambassadeur des îles
Le cycliste sur piste est rapidement devenu, pour plusieurs raisons, la coqueluche des médias aux Jeux panaméricains. D’abord, le parcours atypique de ce jeune homme des Îles-de-la-Madeleine – loin, très loin des vélodromes olympiques – a de quoi séduire la presse. Il y a également la personnalité de l’athlète, son affabilité, son authenticité, mais aussi cette confiance tranquille en ses moyens. Puis, cette fureur de vaincre exprimée sur la ligne de départ et sur la piste, puis ce sourire de la victoire à faire craquer les observateurs les plus blasés. Enfin, des performances exceptionnelles, à la hauteur de ses promesses, ont conquis l’espace médiatique et épaté la galerie.
Ce qu’il y a de remarquable dans la couverture médiatique de ses exploits, c’est que les journalistes n’ont pas simplement parlé d’Hugo Barrette, ils ont tous systématiquement parlé du madelinot Hugo Barrette. Pour le Toronto Star, le Toronto Sun, la SRC/CBC, la Presse ou le Journal de Montréal, son nom et ses prouesses sont devenus indissociables de ses origines madeliniennes. Qu’on le décrive comme «La tempête venue des Îles» ou le «small town boy» par excellence, à travers le récit de son parcours improbable, les médias nous ont présenté un petit gars fier de son archipel, profondément attaché à sa communauté, ses «12 000 frères et sœurs» qui le soutiennent, quoi qu’il arrive. Hugo a décrit les Îles comme le meilleur endroit au monde pour grandir. S’il dit adorer les Îles, ce sont d’abord les gens d’ici qu’il aime par-dessus tout… Quel formidable ambassadeur pour notre communauté!
La fierté d’un peuple
Toutes les communautés, les villes, les pays ont leurs héros, dont plusieurs sont issus des rangs sportifs, amateurs ou professionnels. La compétition sportive, et encore davantage la victoire, au nom d’un peuple, à un effet rassembleur qui galvanise la fierté des gens. Si nous sommes si fiers de nos jeunes qui remportent la Coupe Desjardins, une compétition de patinage artistique, un championnat de volleyball ou de badminton, c’est que nous sommes émotivement solidaires de leur bataille. Nous le sommes aussi lors d’un match d’équipe Canada aux Olympiques de Sotchi où Carey Price fait figure de héros.
Pour ceux qui l’ont suivi, Hugo Barrette fait déjà partie de ces héros du sport amateur que rien ne prédestinait à l’élite sportive mondiale du cyclisme sur piste. Il y a derrière ses récentes médailles, sept longues années d’efforts, de discipline martiale à l’entrainement et d’exil. Il y a une progression fulgurante, des succès sur le circuit de la coupe du monde, mais aussi des échecs, des blessures et un financement incertain. Il y a surtout une passion, une détermination à toute épreuve pour atteindre son rêve, le rêve olympique que tellement d’enfants et une majorité de sportifs ont un jour caressé…
À travers son parcours semé d’embûches, le roi du sprint incarne nos aspirations individuelles et collectives de dépassement, de rigueur et de persévérance couronnées de succès. Il est un Madelinot comme on souhaiterait tous en être, sans complexes, confiant, ambitieux, fort et déterminé, qui reste profondément fier de son patelin. Quel modèle extraordinaire pour les jeunes et moins jeunes des Îles, qu’ils soient sportifs, artistes, pêcheurs ou entrepreneurs… Croire en ses rêves, mais surtout y travailler avec coeur et sans relâche!
Les pieds sur terre
Ce qui est remarquable chez l’athlète, c’est qu’il demeure les deux pieds sur terre, spontané, reconnaissant. Commentant ses performances, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, Hugo a fait preuve de générosité et de reconnaissance. Il a dit avoir été porté par le soutien de la foule. Dans un moment de vive émotion, il n’a pas manqué de traverser la piste pour embrasser ses parents qui l’ont toujours soutenu dans sa périlleuse aventure, eux qui le voyaient en piste pour la première fois. Il a salué le travail de ses entraîneurs, le soutien du comité olympique canadien, etc. Hugo a ainsi reconnu le mérite de son entourage, partagé le succès et cimenté le lien affectif avec ses partisans. Ses succès font briller le pays sur la scène sportive internationale et font rayonner les Îles au pays. Retenons aussi que c’est une compétition locale, portée à bout de bras par une poignée de passionnés depuis des années, les Îles à vélo qui a révélé le talent du jeune Barrette.
Le pistard madelinot a encore de nombreux sacrifices à consentir, des milliers de coups de pédale à donner pour monter sur le podium olympique. Quoi qu’il arrive, il a déjà écrit une page d’histoire, il a prouvé qu’il a l’étoffe d’un champion.