Arénas : la troisième période…

Le dossier des arénas a franchi une étape déterminante avec le référendum consultatif de la fin de semaine dernière. Si la partie n’est certes pas terminée, disons que la troisième période s’amorce avec un net avantage pour les partisans d’un nouveau complexe à deux glaces près de la polyvalente.

Le fort appui de 68% à l’option de construire un nouvel amphithéâtre est largement attribuable à la mobilisation sans précédent des jeunes autour du groupe #droitdevent. Devant la neutralité affichée des élus, la voix des jeunes a transformé le scrutin en un plébiscite sur l’avenir des Îles, en un vote de confiance envers les jeunes, leurs familles et leur bien être. Il devenait presque gênant de s’opposer à l’optimisme communicatif des jeunes, de donner l’impression de tourner le dos à nos enfants.

D’autant que tous les chiffres, tous les arguments présentés par la municipalité faisaient pencher la balance en faveur du projet. Comment en effet ne pas adhérer à un projet de complexe sportif moderne, plus fonctionnel, plus sécuritaire, plus attractif et à moindre coût pour les contribuables? En réalité, depuis la première étude sur les arénas, en 2006, les chiffres ont toujours démontré que d’investir dans une nouvelle construction serait plus avantageux sur le plan financier et des services que de rénover complètement les arénas actuels. La décision tardive du conseil municipal de ne pas soumettre une troisième option moins couteuse de rénovation/construction, décision contestée par plusieurs sur le plan démocratique, mais habile du point de vue stratégique, aura permis d’éviter l’impasse.

Le ralliement

Les référendums ont la fâcheuse et inévitable conséquence de polariser l’opinion publique, de diviser les communautés et parfois même les familles. Le résultat largement majoritaire amoindrit heureusement la fracture sociale. N’empêche, l’argumentaire officiel à sens unique, la neutralité apparente d’une majorité d’élus et l’intervention in extremis et à certains égards maladroite d’un groupe d’opposants au projet de construction neuve aura donné lieu à certains dérapages de fin de campagne, notamment dans les médias sociaux. Les blessures prendront évidemment plus de temps à panser du côté des vaincus.

Sur le plan politique, le conseil municipal obtient avec ce référendum l’argument clé pour vaincre la résistance du député des Îles, Germain Chevarie, qui n’a jamais caché son penchant pour le maintien des infrastructures locales de chacun des villages de l’archipel, en particulier les arénas. Pendant la campagne, sa seule déclaration publique faisait état des difficultés qu’il entrevoit à obtenir un taux de subvention à la hauteur des attentes municipales.

Son frère et conseiller municipal de Fatima, Roger Chevarie, est pour sa part le seul élu à s’être prononcé publiquement en faveur du maintien des arénas actuels. Le résultat du vote dans son village, majoritairement favorable à la construction d’un nouvel amphithéâtre près de la Polyvalente de Lavernière, constitue à n’en pas douter un désaveu pour cet ancien maire de la localité. Après des années de résistance au projet régional au sein du conseil, l’élu de Fatima n’aura plus le choix de baisser les armes et de se rallier au vote majoritaire de ses commettants et des Madelinots en général.

À l’opposé, le conseiller de Havre-aux-Maisons, Jean-Mathieu Poirier, n’a pas pris position publiquement pendant la campagne. Les deux tiers de ses concitoyens, favorables au maintien de leur aréna local, pourraient à la lumière du résultat vouloir lui reprocher de ne pas leur avoir manifesté son appui. Il aura la délicate tâche de rallier sa population au projet régional.

La troisième période

En termes de hockey, la première période, celle des études, avait permis aux équipes de s’étudier, de peaufiner leurs arguments et leurs stratégies tout en multipliant les mises en échec. La deuxième période, celle du référendum, a donné lieu à un match à sens unique où l’implication des partisans a joué un rôle déterminant. Commence maintenant la troisième période au cours de laquelle la municipalité a maintenant l’avantage de la glace et l’opportunité de terminer la partie en temps règlementaire.

Le vote de dimanche accorde en effet au conseil municipal le mandat clair de travailler à l’élaboration d’un projet de construction neuve, dans un cadre financier précis de 14,5 millions de dollars. L’objectif est ambitieux. En guise de comparaison, l’étude de 2007 chiffrait la construction d’un aréna deux glaces à 18,5 millions, celle de 2008 à 16,3 millions. Des opposants au projet ont commenté à la blague qu’à ce rythme, on aurait dû attendre quelques années de plus, le temps d’abaisser la facture sous la barre des 10 millions… Moins nombreux, mais résolus, les opposants au projet de complexe à deux glaces surveilleront sans doute de près l’évolution du dossier.

Du supplémentaire?

Ainsi, pour assurer sa crédibilité et la validité du résultat référendaire, la municipalité se devra de livrer la marchandise à l’intérieur des budgets annoncés. C’est aussi la meilleure façon d’éviter un second référendum, décisionnel celui-là, sur l’emprunt municipal qui devra être contracté au nom des contribuables. Le jeu des subventions pourra nécessairement faire varier la donne, pourvu que l’impact anticipé sur le compte de taxe soit dans les mêmes ordres de grandeur. Si le projet final est conforme aux chiffres présentés, il serait illusoire même pour les plus farouches opposants de signer un registre en pensant renverser l’opinion publique lors d’un nouveau référendum.

Dans le cas contraire, il est tout à fait plausible qu’une période de surtemps soit nécessaire pour trancher le débat, avec les coûts et les conséquences sociales que cela comporte. Si le résultat du référendum de 68% contre 32% est sans équivoque, le faible taux de participation de 44% autorise à une certaine prudence. Depuis le référendum sur la Communauté maritime de 1999, chaque scrutin municipal a généré un taux de participation moyen de 60 à 70%. Ce sont donc entre 1700 et 2600 personnes de moins que d’habitude qui n’ont pas trouvé le temps, la raison ou l’intérêt de se déplacer pour voter dimanche. S’ils devaient être appelés à trancher sur un emprunt, l’impact de leur participation éventuelle au vote reste imprévisible.

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