La nouvelle année s’amorce sous le signe de l’instabilité économique mondiale, un contexte d’incertitude auquel notre petit archipel n’échappe pas. Si les indicateurs économiques n’ont rien de rassurant, l’absence d’une stratégie locale, régionale ou même nationale en matière de développement économique a de quoi laisser songeur.
Sur le plan des finances personnelles, les familles québécoises passeront à la caisse alors que plusieurs tarifs et cotisations sont revus à la hausse, dont les frais d’électricité, de garderie et les taxes scolaires et municipales. On prévoit au surplus une hausse marquée du panier d’épicerie en 2016, un phénomène qui frappe plus durement encore les populations des régions, déjà désavantagées du point de vue qualité/prix, et les plus démunis. Dans l’archipel, s’ajoutent les impacts récurrents de la réforme de l’assurance-emploi et les effets directs et indirects des compressions appliqués sans ménagement par le gouvernement Couillard. Une vaste majorité de Madelinots devront plus que jamais se serrer la ceinture pour joindre les deux bouts.
Économie régionale
La chute des prix du baril de pétrole qui plombe l’économie du pays et la valeur du dollar canadien offrent certes des perspectives intéressantes pour l’industrie des pêches aux Îles, voire du tourisme. Or, les autres indicateurs économiques régionaux ne sont guère encourageants. La population décroit et vieillit plus qu’ailleurs alors que l’archipel se classe au 4e rang des villes du Québec en plus forte décroissance. Le marché de l’emploi stagne, le taux de chômage ne décroit pas, tandis que l’indice de dépendance économique des Madelinots (transferts gouvernementaux) est en hausse. Malgré un certain rebond dans le secteur de la construction en 2015, en raison d’investissements immobiliers privés et institutionnels, la construction résidentielle est anémique. Seize nouvelles résidences ont été construites l’an dernier, contre une moyenne annuelle de 55 entre 2002 et 2012. Parallèlement, le marché immobilier est en stagnation. On se plaignait il y a quelques années de la hausse des valeurs des maisons. La bulle spéculative a maintenant éclaté, de sorte que les maisons ne se vendent plus. La valeur marchande des résidences se situerait aujourd’hui largement en deçà de la valeur municipale. À cela s’ajoutent les immeubles vacants dans le secteur commercial, l’activité commerciale limitée hors de la saison estivale, quelques faillites d’entreprises bien en vue, mais également, un nouveau phénomène de vacances et de vive compétition dans le logement locatif résidentiel.
Dans ce contexte, quelles sont donc les perspectives de création d’emplois, permanents ou saisonniers? Pour assurer son dynamisme économique, ou à tout le moins contrer la glissade vers dévitalisation vers laquelle pointe les principaux indicateurs, l’archipel doit compter sur l’apport d’investissements privés et publics. Or, le soutien et l’accompagnement au développement de l’entrepreneuriat ont été abolis il y a plus d’un an. Bon an, mal an, le CLD accompagnait une centaine de promoteurs, une quarantaine de projets se concrétisaient, assurant le maintien ou la création de 50 à 75 emplois. Qu’en et-il aujourd’hui? À cela s’ajoutaient les interventions de la CRÉ et l’effet des politiques gouvernementales de soutien au développement régional, de la ruralité, le soutien aux municipalités dévitalisées, etc.
Une approche concertée?
Le pelletage de ces responsabilités dans la cour des municipalités, présenté par le gouvernement comme un geste de confiance envers les élus locaux, apparait davantage comme une mesure d’économie et une déresponsabilisation de l’État du Québec envers le sort des régions. L’ancienne vice-première ministre du cabinet Charest, Nathalie Normandeau, a provoqué la polémique la semaine dernière en critiquant le leadership du premier ministre en matière de développement économique. L’ex-ministre des Affaires municipales et des régions aurait aussi pu aussi souligner l’absence de politique de développement des régions, désormais laissées à elles-mêmes. Absentes de l’écran radar du gouvernement, les régions sont aussi disparues de l’espace médiatique en 2015, selon les études de firmes spécialisées.
Dans ce contexte, il est à espérer que le gouvernement fédéral poursuivra dans son approche de réinvestissement dans les infrastructures publiques, qu’il incitera Québec à privilégier la relance à l’austérité, notamment en région, et que les instances locales se doteront rapidement d’un véritable plan d’action et de développement économique des Îles. Un plan arrimé au projet de territoire Horizon 2025, avec des objectifs stratégiques à court terme, de pistes d’action concrètes, des mesures de soutien à l’entrepreneuriat, de cibles et d’indicateurs mesurables, et, surtout, des moyens techniques ou financiers pour le réaliser.