Le dépôt du budget est sans doute le geste le plus significatif que posent nos gouvernements année après année, et les municipalités n’y font pas exception. Au-delà du discours convenu sur la gestion rigoureuse des fonds publics, la ventilation des revenus et des dépenses municipales déposée la semaine dernière traduit les orientations budgétaires, mais aussi les ambitions politiques et les contraintes de l’administration municipale.
Hausse de taxes
Les citoyens soucieux de leur compte de taxes retiendront que l’exercice budgétaire 2016 la Municipalité des Îles entraine une hausse du fardeau fiscal moyen des contribuables de 2,5%. C’est presque deux fois plus que le taux d’inflation, l’indicateur phare permettant de juger du travail des administrations publiques. Les contribuables devront ainsi débourser proportionnellement davantage pour leurs services municipaux en 2016 que pour leurs dépenses de ménage courantes. C’est à ce prix que les élus estiment le maintien d’un équilibre entre la capacité de payer des Madelinots et la prestation des services auxquels ils sont en droit de s’attendre. Cela dit, on pourra se réjouir du gel de la tarification des services d’aqueduc, du traitement des eaux usées et des matières résiduelles, administrés selon le principe de l’utilisateur-payeur.
Pour le reste, la municipalité justifie essentiellement ses décisions par l’ajout d’un montant substantiel au budget de déneigement et de l’entretien des routes, à l’augmentation de la facture de la Sureté du Québec et au cumul des coupures gouvernementales des dernières années. Quand on y regarde de plus près, on constate en effet que depuis 2 ans, la municipalité a augmenté ses revenus de taxes d’environ un million de dollars, soit l’équivalent des coupures gouvernementales en paiement de transfert, conséquences du Pacte fiscal et des mesures d’austérité. Dans une conjoncture économique morose, la municipalité voit donc ses revenus stagner alors que ses responsabilités demeurent, augmentent même quand on considère la responsabilité du développement économique que lui a transférée le gouvernement.
Investissements et développement
À la lecture de la succincte présentation du budget, on dénote une préoccupation particulière et légitime de l’administration municipale pour les services à la propriété, les routes et les infrastructures. La municipalité entend donc continuer d’emprunter pour investir sur le réseau routier, doter les Îles d’un nouveau complexe sportif et réparer trois salles communautaires, sans toutefois préciser l’ampleur des travaux.
On peut néanmoins se demander ce qu’il advient des responsabilités de MRC dévolues à l’agglomération. Depuis deux ans, la municipalité ne présente plus de façon distincte les finances de la municipalité locale et celles de l’agglomération alors que les postes budgétaires, les responsabilités et les taux de taxes sont bien distincts, quoique complémentaires. Dans le contexte insulaire, suite au pelletage gouvernemental de responsabilités dans la cour des MRC, il est regrettable que la présentation du budget n’aborde pas de façon spécifique le secteur du développement du milieu et de l’économie. Quelles seront les ressources dévolues en 2016 au développement de l’entrepreneuriat, aux dossiers du transport, de l’énergie et de l’environnement, au développement social et communautaire? Comment seront administrés les 160,000$ d’argent neuf qu’obtiendra l’agglomération en redevances minières et qu’advient-il des 60 000$ de nouveaux revenus générés par les parcs éoliens gaspésiens dont nous sommes collectivement les actionnaires?
Budget citoyen
On parle depuis quelques années de la révision des finances municipales entreprise par un comité d’élus, sans que les citoyens n’en connaissent les tenants et aboutissants. À cet égard, il faut espérer que le projet de planification stratégique annoncé en marge du budget comporte une importante dimension citoyenne. Tant sur le plan financier, démocratique que pédagogique, la conjoncture est particulièrement propice à la mise en place éventuelle d’un processus ouvert de consultations prébudgétaires.