Tout ça pour ça…

La Municipalité des Îles a adopté cette semaine ses nouvelles politiques de soutien aux entreprises et aux projets «structurants». Un peu plus d’un an après le démantèlement des instances de développement régional par le gouvernement Couillard, la réorganisation au sein de l’agglomération confirme l’impression de départ : il faudra faire ce qu’on peut, avec moins.

D’entrée de jeu, le développement socio-économique de l’archipel devra s’opérer avec moins d’argent et de ressources. Suite à l’amalgame des fonds du Pacte rural, du soutien au développement économique, de l’aide aux MRC et du Fonds de développement régional, l’Agglomération des Îles se retrouve avec un budget de 950 000$ pour assumer ses nouvelles responsabilités. C’est environ la moitié de la somme dont le milieu disposait auparavant. De ce montant, l’agglomération a choisi d’investir 450,000$ en soutien à l’entreprise et aux divers projets du milieu.

Rétablir les mesures d’aide

Avec les sommes disponibles, le Conseil d’agglomération tente par les deux axes de son approche en développement régional, de préserver l’essentiel des mesures auparavant offertes par le Centre local de développement et le Pacte rural. Ainsi, la Politique de soutien aux projets «structurants» reprend-elle les mesures d’aide aux initiatives territoriales et citoyennes du Pacte rural, en plus de rapatrier les projets spécifiques en développement sectoriel auparavant assumés par le CLD, avec la collaboration de la CRÉ. L’approche est certes cohérente, mais les montants, plafonnés entre 5000$ et 15,000$, sont largement inférieurs aux sommes autrefois octroyées. Quant au soutien aux entreprises, l’agglomération cible à bon droit l’entrepreneuriat, l’expansion et la diversification des entreprises et l’économie sociale. Contrairement aux politiques antérieures, aucun volet ne semble a priori taillé sur mesure pour les jeunes.

Les élus ont donc rétabli une bonne partie des mesures d’aide financière offertes auparavant, en favorisant le maximum de petits projets et d’initiatives avec un minimum de fonds. La contribution du Fonds de développement du territoire pourra certes servir de levier à une multitude d’initiatives, pourvu que les promoteurs et les organismes locaux investissent davantage dans leurs propres projets.

Référencement et accompagnement

S’il privilégie le rétablissement des mesures d’aide financière, le Conseil d’agglomération sacrifie cependant une bonne partie des services d’accompagnement et de suivi auparavant offerts aux entrepreneurs et promoteurs. Ce choix épouse certes la vision non-interventionniste gouvernementale, mais elle constitue un changement d’approche qui pourrait avoir une influence négative sur le nombre de projets d’entreprises à venir, leur qualité et leur succès.

Depuis près de 25 ans, avec la mise sur pied de la Commission de développement économique, du GUIDE puis du CLD, les entrepreneurs madelinots et les entreprises d’économie sociale ont su compter sur des services d’accompagnement rapproché, un soutien professionnel pour l’élaboration de plans d’affaires, de structures de financement et d’états financiers prévisionnels, garants de la réussite de nombreuses PME madeliniennes.

Ces services n’existent plus. L’accompagnement fera place au référencement. On en comprend que dans l’élaboration de leurs projets d’affaires, les promoteurs seront désormais référés à des services professionnels externes. Il s’agit d’un obstacle de plus dans le parcours des entrepreneurs, tant sur le plan logistique que financier. Sachant que bon an mal an, l’équipe du CLD traitait pas moins d’une centaine de dossiers, dont la moitié se concrétisait, entrainant le maintien ou la création d’une soixantaine d’emplois annuellement, il sera intéressant d’analyser les impacts des bouleversements imposés par le gouvernement.

Pour l’heure, on ne peut que conclure que la nouvelle gouvernance régionale a réduit de moitié les budgets à la disposition du milieu et entrainé la réduction du nombre de professionnels consacrés au développement socio-économique des Îles de 11 à 4 employés (incluant le personnel local de la CRÉ). On aura par ailleurs passé plus d’un an à se réorganiser, une année de développement socio-économique sacrifié.IMG_2144

 

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