Persévérance scolaire: Le décrochage du gouvernement Couillard

 

Les journées de la persévérance scolaire ont mis en lumière la semaine dernière le chemin qu’il reste à parcourir au Québec dans la lutte au décrochage, la réduction de l’analphabétisme et le rehaussement des taux de diplomation. Or, dans ce dossier, le pire décrochage se révèle être celui du gouvernement!

La persévérance scolaire, c’est l’affaire de tous, disent les publicités. Tous, sauf le gouvernement, pourrait-on ajouter. Le gouvernement a en effet aboli le programme Réunir-Réussir (R2), mis sur pied en 2009, qui a permis d’injecter 50 millions $ en cinq ans dans différentes régions. Le programme était financé à parts égales par Québec et la Fondation Chagnon. Pour le premier ministre Couillard qui a dit faire de l’éducation sa priorité, il est intéressant de souligner que 25 millions $, ce n’est qu’un million $ de moins que le montant qu’il vient d’accorder au Zoo de St-Félicien, situé dans sa circonscription.

Pendant ce temps, la Fondation Chagnon a réinjecté, seule, 3 millions $ afin de maintenir en place l’expertise développée en régions, comme l’instance Complice – persévérance scolaire en Gaspésie et aux Îles, partenaire régional du Groupe Persévérance Scolaire (GPS). De plus, l’abolition cumulée des Conférences régionales des élus (CRÉ) et des Forums jeunesse régionaux a éliminé l’essentiel du budget lié aux initiatives de terrain, pour une perte annuelle de 300,000 $ dans la région. Dans ce contexte, il était particulièrement fâcheux de voir cette semaine les députés et ministres du parti au pouvoir arborer fièrement le ruban vert à l’Assemblée nationale, symbole de leur engagement à l’égard de la persévérance scolaire.

Du chemin à faire

Le ministère de l’Éducation avait lui-même proclamé, en 2008, le lancement d’un grand chantier de la persévérance scolaire, se fixant comme l’objectif d’atteindre un taux de diplomation de 80% chez les jeunes de moins de 20 ans à l’horizon 2020. Le décrochage du gouvernement est d’autant plus lourd de sens que les efforts consentis ces dernières années ont permis de rehausser ce taux de 68,6% à 75%. Non, mais, quel formidable contre-exemple de persévérance ! Il ne faut pas négliger, en parallèle, le fait qu’on estime que 53 % de la population québécoise est analphabète ou analphabète fonctionnelle.

Notons qu’un jeune sans diplôme gagne en moyenne 15 000 $ de revenu annuel en moins, alors qu’il a deux fois plus risque de se retrouver au chômage. Et puisque l’approche comptable semble prépondérante au sein du gouvernement, rappelons que le décrochage scolaire coûterait à Québec 1,9 milliard $ par cohorte de décrocheurs, en perte de taxes et d’impôts, ainsi qu’en coûts sociaux additionnels.

La persévérance, chez nous

Notons que des efforts considérables ont été menés dans l’archipel ces dernières années en matière de réussite éducative et de persévérance scolaire. Grâce au groupe GPS et à la Fondation Madeli-aide, aux intervenants jeunesse, à ceux du secteur de l’éducation et de la petite enfance et du développement social et communautaire, des dizaines d’initiatives de sensibilisation et d’activités ont été menées sur le terrain. Bien que le décrochage des jeunes, en particulier des garçons, demeure inquiétant, le taux de diplomation aux Îles dépasse aujourd’hui la moyenne québécoise.

Or, rien n’est acquis. Par exemple, il y a consensus sur le fait qu’il faut agir tôt en matière de persévérance scolaire, soit dès la petite enfance. Dans ce contexte, quel sera donc l’impact des coupures de 120 millions $ imposées aux Centres de la petite enfance du Québec? À cela s’ajoutent les compressions dans les commissions scolaires, dont la réduction des achats de livres, des services adaptés aux élèves en difficulté et les budgets à l’entretien des écoles ne sont que les symptômes les plus médiatisés.

Bien qu’elle ait judicieusement choisi d’investir dans le décrochage chez les garçons, la Commission scolaire des Îles a dû doubler cette année les frais d’inscription aux activités parascolaires. Cette mesure pourrait avoir le triste effet d’un ticket modérateur alors qu’il est pourtant avéré que l’engagement dans les activités hors classe, en particulier l’activité physique, est un puissant antidote au décrochage des garçons.

Saines habitudes de vies

On dit aussi que la réussite éducative et la persévérance scolaire sont intimement liées à de saines habitudes de vie. À cet égard, il faut encore une fois déplorer le retrait de du gouvernement. Québec a en effet mis un terme au programme Québec en forme et ses composantes régionales, cet autre partenariat avec la Fondation Chagnon axé sur le développement de saines habitudes de vie chez les jeunes. Ce sont donc plusieurs centaines de milliers de dollars qui ne pourront plus être investis dans le milieu auprès des jeunes afin de créer des environnements favorables à l’épanouissement des jeunes et à leur réussite. Quant au programme Avenir d’enfants, le troisième partenariat du genre, on ne sait pas encore s’il passera à la trappe en 2018, au terme de l’entente actuelle.

Le slogan des journées de la persévérance scolaire, destiné à mobiliser la population à la cause, était cette année Soyez un superhéros. Une cause «nationale» à laquelle le gouvernement aura versé un superzéro.Capture d'écran 2016-02-26 13.50.03

Une réflexion sur “Persévérance scolaire: Le décrochage du gouvernement Couillard

  1. Le Canada a toujours eu comme mission de garder le Québec pauvre… comme ça , disent-ils…ils ne pourront se permettre de se passer de nous… et le pire dans tout ça , c’est qu’il est dirigé la plupart du temps par un québécois… et qui plus est… on a un Premier Ministre qui veut le garder ignorant en coupant tous les programmes éducatifs et sociaux…
    On dirait une OPÉRATION DESTRUCTIVE menée par un médecin complètement en dehors de la traque… tous les programmes sociaux que le P.Q a mis en branle depuis une trentaine d’années, il est après les foutre en l’air à l’aide de son *Père Ovide *…Daniel Johnson…

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