Nombre de Québécois de tous les horizons pleurent depuis quelques jours la disparition tragique du politicien et commentateur politique bien connu Jean Lapierre. Pour les Madelinots, le drame c’est aussi, et surtout, la douleur que l’on ressent avec empathie pour une famille d’ici complètement décimée. Ce sont également les images fortes, indélébiles, de la pire catastrophe aérienne que nous ayons connue dans l’histoire de l’archipel.
Nos premières pensées iront bien sûr aux proches des victimes qui, dans une triste ironie du sort, venaient aux Îles pour les funérailles du patriarche de la famille Lapierre. Comment ne pas éprouver un sentiment de douleur, d’incompréhension et de tristesse devant une pareille catastrophe? En de telles circonstances, nous sommes tous des voisins, des membres de la même grande famille.
La tragédie nous ébranle peut-être aussi car nous vivons tous, un jour ou l’autre, l’urgence d’un déplacement par avion pour des raisons familiales, des ennuis de santé, un décès. Le mode de vie insulaire, c’est aussi avoir recours au transport aérien plus que partout ailleurs au Québec. Il faudra se souvenir que l’avion demeure un mode de transport plus sécuritaire que la voiture.
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Si la tragédie aérienne a suscité l’émoi aux Îles, la disparition du chroniqueur vedette Jean Lapierre a créé une véritable onde de choc au Québec et même au-delà. Ancien député et ministre libéral au Parlement canadien, membre fondateur du Bloc Québécois et commentateur politique infatigable, Jean Lapierre ne laissait personne indifférent. Toute la classe politique et médiatique lui a rendu un concert d’hommages bien sentis et mérités. Communicateur efficace et coloré, passionné de politique, Jean Lapierre décortiquait l’actualité du jour sur d’innombrables tribunes au grand bonheur de centaines de milliers de Québécois. Toujours à l’affût des événements, bien branché, il commentait avec humour et sans complexe, parfois sans ménagement, les faits et gestes des politiciens. Il était surtout fier de ses origines madeliniennes. Il en vantait souvent les attraits, les produits, les gens, leurs expressions et leurs accents. L’archipel a perdu avec sa disparition un de ses plus illustres ambassadeurs.
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Ce sont donc sept personnes, cinq membres de la famille Lapierre, et les deux membres d’équipage, qui auront péri dans cet écrasement, le plus grave de l’histoire des Îles. On se souviendra qu’en décembre 1975, l’écrasement d’un Cessna au moment de l’atterrissage à l’aéroport de Havre-aux-Maisons avait fait 6 victimes, des gens d’affaires de l’extérieur venus régler un problème dans une usine de transformation.
Les causes exactes de l’écrasement du biréacteur de marque Mitsubishi sont encore inconnues. Les conditions météo n’étaient certes pas idéales puisqu’un certain brouillard recouvrait les îles et que les vents soufflaient passablement fort. Air Canada avait d’ailleurs annulé son vol de l’après-midi, d’autant qu’une tempête de neige sévissait en Gaspésie. Il est aussi particulièrement étrange, et inquiétant pour les résidents du voisinage, que l’avion se soit abimé dans un champ, à bonne distance de l’aéroport. Il faut espérer que l’enquête qu’entame maintenant le Bureau de la Sécurité dans les Transports permettra de faire toute la lumière sur cette catastrophe.
Plusieurs auront noté que l’écrasement d’avion meurtrier est survenu 8 ans, jour pour jour, après la tragédie de l’Acadien II. Une malheureuse coïncidence de calendrier qui unit désormais deux événements majeurs dans l’histoire de notre communauté, deux tragédies qui auront ébranlé nos certitudes. Deux drames où les Madelinots auront su se montrer unis, forts et solidaires.