Une région éloignée… à moitié?

Personne ne questionne le fait que notre archipel est très éloigné. Personne, sauf Revenu Québec et Revenu Canada. La non-reconnaissance de cet état de fait nous a déjà privé de plusieurs dizaines de millions de dollars depuis 20 ans et le manque à gagner se creuse à chaque année.

Cette simple reconnaissance, et le rétablissement en conséquence de la déduction d’impôt pleine et entière pour les Iles, c’est la croisade qu’a entrepris Marcel Leblanc. Cela mérite l’attention et le soutien des payeurs d’impôts Madelinots qui sont individuellement privés de plusieurs milliers de dollars à chaque année.

La perte d’un acquis

Ce qui étonne, dans ce dossier, c’est que les Iles-de-la-Madeleine ont bénéficié de cette mesure dès sa mise en place, en 1983. Pendant une dizaine d’années, les deux paliers de gouvernement ont inclu l’archipel au sein de la Zone A (région nordique), accordant aux contribuables de ces régions, une déduction d’impôts de 6000$. Si le vocable «nordique» ne sied évidemment pas au cas de l’archipel, on peut affirmer que les conditions d’éloignement, d’isolement, de contexte économique, les difficultés liées au transport et de coût de la vie aux Iles collent tout à fait à la réalité des autres régions de la zone A. Sinon, il appartient aux gouvernements d’en faire la démonstration!

Il est d’ailleurs malheureux que cette mesure, un acquis non-négligeable pour les citoyens d’ici, ait été réduite de moitié sur deux ans en 1993-94, dans des circonstances qui paraissent aujourd’hui nébuleuses. Plus étonnant encore, ni les Madelinots, ni leurs représentants politiques, ni les médias locaux ne semblent en avoir fait grand cas à l’époque. Comment en effet accepter que, du jour au lendemain, les gouvernements jugent que les Iles ne sont plus aussi éloignées qu’avant? Que le coût de la vie n’est plus aussi cher? Que les coûts du transport sont soudainement plus abordables? Que la vitalité économique ne justifie plus qu’à moitié la reconnaissance d’un défi économique supplémentaire pour assurer l’équité des chances pour les familles d’ici?

Particularités insulaires

Davantage que la récente reconnaissance des particularités des Iles dans le cadre de la loi sur l’occupation des territoires, non contraignante, la pleine déduction d’impôts de la Zone A aurait un effet concret pour les Madelinots dès leur prochain rapport d’impôts. Cette mesure aurait pour conséquence de remettre 4000$ dans la poche de chacun des payeurs d’impôts madelinots.

À la suite d’une lettre qu’il a transmise aux élus des divers paliers de pouvoirs, M. Leblanc dit avoir obtenu un signal positif de la part du député provincial, Germain Chevarie. Le Premier minsitre Couillard lui-même a semblé faire preuve d’ouverture à cela dans entrevue, lors de sa visite du mois dernier. Pour un gouvernement qui a fait sienne la doctrine de la baisse d’impôts en deuxième moitié de mandat, le rétablissement de cette mesure pour les Iles devrait être une simple formalité. Cela permettrait au surplus de mettre un peu de chair sur l’os de la reconnaissance de l’insularité, tout en réparant une erreur du passé.

Le maire Lapierre a aussi signifié son appui à l’initiative de M. leblanc, ce qui est le minimum auquel on peut s’attendre. Il est a espérer que cet appui se transformera en revendication formelle et active de la municipalité et de son conseil municipal. Il faut tout de même souligner que peu de mesures gouvernementales peuvent avoir un impact aussi direct sur les citoyens, en soulageant leur portefeuille déjà fortement sollicité par les hausses de taxes et de tarifs.

Langue de bois fédérale

La première réaction de la députée fédérale, Diane Lebouthilllier, est franchement désolante. Dans un accusé de réception écrit dans une langue de bois d’un classique suranné, la ministre du Revenu évite la question pourtant claire qui lui est posée, et s’esquive en soulignant que son gouvernement a augmenté le montant de la déduction pour régions éloignées au dernier budget. Ironiquement, cela signifie surtout qu’en laissant maintenant à 50% la déduction à laquelle nous avions droit, l’écart se creuse avec les autres régions et le manque à gagner s’accroît.

La nouvelle minsitre du Revenu occupe pourtant un poste-clé au sein de l’appareil gouvernemental pour véritablement changer les choses au bénéfice de ses commettants insulaires. N’avait-elle pas d’ailleurs déjà ouvert la porte à une reconnaissance des particularités   insulaires par le fédéral? Il s’agit pour elle d’une occasion en or, et d’un sérieux test de crédibilité.IMG_2223

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