Portrait socio-économique mitigé

L’Institut de la Statistique du Québec (ISQ) vient de publier son bulletin statistique annuel de la région Gaspésie-Les Îles. Il s’agit somme toute d’un portrait socioéconomique régional assez peu réjouissant, où l’archipel arrive tantôt en tête, tantôt en queue de peloton des six MRC de la région.

Le portrait statistique aborde des thèmes aussi importants que la démographie, les conditions de vie, le marché du travail, les investissements, la santé et l’éducation. Les données régionales sont ainsi comparées avec celles des autres régions du Québec et parfois décortiquées pour y voir les particularités de chacun des territoires de MRC de la région. La moyenne québécoise sert aussi de base comparative. Sans surprise, il en résulte le portrait d’une région dont les principaux indices de vitalité socioéconomique sont parmi les plus négatifs au Québec.

Ce qui frappe dans ce portrait, ce sont les écarts statistiques importants qui séparent la Gaspésie et les Îles de la moyenne des régions du Québec. Pour les pouvoirs publics, le gouvernement du Québec en premier lieu, ce portrait devrait à lui seul justifier l’élaboration d’une stratégie de développement régional ciblée, pluriannuelle et concertée.

Démographie

La baisse continue de la population dans la région constitue l’élément le plus frappant et certainement le plus inquiétant de ce portrait statistique. D’autant que la démographie influe de façon directe sur plusieurs des facteurs de vitalité socioéconomique.

Non seulement le déclin de la population se poursuit-il en Gaspésie et aux Îles, mais les pertes se sont accélérées depuis 5 ans. À ce chapitre, avec une baisse de près de 4% sur 5 ans, l’archipel figure parmi les MRC le plus éprouvées de l’ensemble du Québec.

À cela s’ajoute le fait que la population de la région est nettement plus âgée en Gaspésie et aux Îles qu’ailleurs au Québec. On observe un écart de 10 ans entre l’âge médian au Québec (41,9) et celui des Îles (51,1). Autre fait à noter, le nombre de jeunes de moins de 20 ans est, proportionnellement, plus faible aux Îles qu’ailleurs dans la région, et largement inférieur à la moyenne québécoise.

Quand on sait par exemple que le gouvernement finance bien souvent les services publics, comme les écoles, sur un calcul per capita, cela n’augure rien de bon.

Conditions de vie

On pourra néanmoins se réjouir de ce que la proportion des familles en situation de pauvreté soit plus faible dans notre région qu’ailleurs au Québec. Aux Îles, la proportion de familles à faible revenu est presque trois fois inférieure à la moyenne québécoise. Cela ne signifie pas que nous soyons plus riches ici, mais plutôt que la richesse collective est mieux répartie à travers les différentes couches de la population de notre territoire.

Non, nous ne sommes pas plus riches qu’ailleurs, bien au contraire. Le revenu médian des familles de la région Gaspésie-Les Îles est, en fait, le plus faible de toutes les régions administratives du Québec. Si le revenu des familles dans l’archipel se situe au second rang parmi les MRC du territoire, il accuse néanmoins une décroissance de 0,3%.

Le marché du travail

Population active, emploi, chômage, revenu d’emploi et transferts gouvernementaux : les statistiques du marché du travail traduisent la stagnation socioéconomique de la région et notre dépendance envers les transferts gouvernementaux.

Le nombre de chômeurs et la population active varient peu dans la région. Le taux de chômage est presque deux fois supérieur à la moyenne québécoise tandis que le taux d’emploi, à 46%, demeure bien inférieur à la moyenne provinciale de près de 60%.

Notons par ailleurs qu’à l’instar de la population, le nombre de travailleurs est en baisse aux Îles comme dans l’ensemble de la région. Cela n’est jamais très positif pour les entreprises et l’économie d’une région. Si, en conséquence, le taux d’emploi augmente quelque peu dans les MRC de la région, cinq d’entre elles (dont les Îles) font partie des 10 MRC du Québec où les taux de travailleurs sont les plus faibles. Fait à noter, le taux de travailleuses dépasse celui des hommes dans la région, à l’inverse de ce qui s’observe presque partout ailleurs en province.

Revenu d’emploi

Le portrait statistique révèle une augmentation notable du revenu médian des travailleurs de la région pour l’année 2014 (dernières données disponibles). C’est dans l’archipel qu’on observe l’augmentation la plus forte du revenu, soit 9,2%. Cette donnée, certes encourageante, ne doit pas faire oublier que le territoire des Iles demeure au nombre des quatre MRC du Québec où le revenu d’emploi est le plus bas. Il ne s’agit donc que d’une première étape d’un long rattrapage à effectuer. Ajoutons à cela que le revenu d’emploi des hommes dépasse maintenant de 9% celui des femmes dans l’archipel.

Signe d’un certain regain économique, le produit intérieur brut par habitant a augmenté sensiblement dans la région entre 2007 et 2014. Sa croissance annuelle de 7, 2% dépassait d’ailleurs largement la moyenne québécoise (1,5%). Malgré ces progrès, il faut savoir qu’à ce chapitre, notre région demeure parmi les quatre plus faibles au Québec. Il sera particulièrement intéressant de mesurer l’impact des années de rigueur, ou d’austérité budgétaire, imposées par le gouvernement du Québec à compter de 2014.

Revenu disponible

Pour compléter le tableau, on peut se demander si, au final, notre revenu disponible s’est accru, si nous disposons de plus d’argent. Selon le portrait de l’ISQ, ce n’est hélas pas le cas. Avec un revenu disponible de 24 324$ par habitant, la région Gaspésie-Les Îles se classe au 16e et avant-dernier rang des régions du Québec, juste devant le Bas-Saint-Laurent. La moyenne québécoise s’établit à 26 046$.

Ce qui distingue aussi notre région, c’est notre dépendance aux transferts gouvernementaux de toutes sortes, dont les prestations d’assurance-emploi, de retraite, etc. Sans ces transferts, le revenu disponible serait beaucoup plus faible. De fait, notre région est l’une des rares où la somme des transferts gouvernementaux dépasse celle des taxes et impôts que recueillent ici les administrations publiques. À lui seul, ce constat ne devrait-il pas inciter les gouvernements à mieux soutenir le développement économique régional? IMG_0606

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