Les Îles-de-la-Madeleine ont connu une année touristique exceptionnelle cette année, dépassant le cap des 70 000 visiteurs sur une base annuelle. Si la conjoncture favorable explique en partie ces résultats positifs, il est heureux de constater que la destination demeure attrayante et compétitive.
Les chiffres, rendus publics mercredi lors de la journée du tourisme, démontrent une hausse de 4% de l’achalandage estival. La progression atteint 8% si l’on exclut du décompte le volet des croisières internationales, en baisse cette année. L’impression généralisée à l’effet que l’archipel a accueilli plus de visiteurs cet été est donc avérée.
Une tendance
En plus de marquer une année d’achalandage record, l’année 2016 confirme la tendance à la hausse observée depuis trois ans. Après un recul en 2012 et 2013, les efforts consentis à la promotion et la diversification de l’offre semblent porter fruit. Qui plus est, on assiste à un renouvellement de la clientèle touristique puisque 65 pour cent des visiteurs en étaient à leur premier séjour en 2016. Comme les visiteurs ont l’habitude de revenir plus d’une fois dans l’archipel, l’avenir apparaît prometteur.
Une clientèle satisfaite
Ce qui est encore plus encourageant, c’est le fort degré de satisfaction exprimé par les visiteurs dans le questionnaire de fin de séjour. Avec 86% de répondants fortement satisfaits, 98% si l’on ajoute les «satisfaits», il s’agit d’un plébiscite incomparable. Non seulement les gens sont-ils presque unanimement satisfaits, mais 80% des répondants n’ont absolument aucune plainte à formuler et presque autant recommanderont la destination à leur entourage. Ces données sont particulièrement significatives dans la mesure où elles démontrent que le «produit touristique» des Îles est à la hauteur des attentes et qu’il correspond tout à fait à la mise en marché qu’on en a fait. Cela veut donc dire que l’on peut conjuguer les efforts de promotion et la qualité de l’information.
Saturation ?
Il est important de noter que l’achalandage touristique se mesure aux Îles avec un degré de précision incomparable, compte tenu des accès limités au territoire. Ce sont donc quelque 65% des visiteurs qui empruntent le traversier pour se rendre dans l’archipel, contre 24% qui optent pour le transport aérien. Les entrées et sorties des résidents des îles sont extraites des calculs sur la base des codes postaux.
Les données publiées par la CTMA indiquent que la période de pointe a connu cette année un degré de saturation inégalé. Le traversier a en effet maintenu une intensité maximale d’opération pendant un mois complet, à raison de 13 aller-retour par semaine. Il ne faut pas pour autant conclure que l’archipel a lui-même atteint un degré de saturation de l’achalandage touristique et qu’on ne peut plus en accueillir davantage. Il s’agit toutefois de répartir cet achalandage sur la plus longue période possible. Aujourd’hui, comme hier, la maximisation des retombées économiques du tourisme passe par l’étalement de la saison. À cet égard, les données de Tourisme Îles-de-la-Madeleine, comme celles de la CTMA, indiquent une nette augmentation de la fréquentation touristique en septembre.
Faut-il le mentionner, les retombées de l’industrie touristique sont vitales pour l’économie de l’archipel. La redistribution des revenus du tourisme dépasse en effet largement le secteur du tourisme proprement dit parce que les visiteurs séjournent ici pour une durée moyenne de 9 nuitées. Les touristes, comme les villégiateurs, s’installent aux Iles quelques jours ou quelques semaines, ils y vivent, consomment et contribuent largement à la santé financière de l’ensemble du secteur des services.
Rester alerte
Comme la plupart des régions du Québec et des Maritimes, l’archipel aura bénéficié cet été d’un contexte favorable à l’augmentation de l’achalandage touristique. La faiblesse du taux de change du dollar canadien aura sans doute convaincu les Québécois et les Canadiens de favoriser les projets de vacances au pays. À titre d’exemple, le tourisme a connu une poussée impressionnante de plus de 10% chez nos voisins de l’Île-du-Prince-Édouard. De même, le bureau touristique de Gaspé enregistre des hausses de 14 à 32% au cours des mois d’été. On parle d’un été «parfait» dans les Cantons de l’Est et d’un été «formidable» au Bas-St-Laurent.
Dans ce contexte de forte compétition, le fait que les Îles tirent bien leur épingle du jeu constitue une excellente nouvelle. Mais il y a encore beaucoup à faire. Les provinces voisines et les autres régions du Québec bénéficient encore de budgets de promotion largement supérieurs à ceux dont disposent les intervenants locaux. L’augmentation des revenus liés à la nouvelle taxe d’hébergement touristique à 3,5% ne change fondamentalement rien à la problématique. Les défis de la promotion demeurent importants.
Quant au produit des croisières internationales, les retombées demeurent en deçà des attentes avec à peine quelques milliers de visiteurs sur une douzaine de bateaux. Entretemps, Escale Gaspésie enregistre un record de 31 navires en 2016, pour un total de 30 000 croisiéristes.
Dans le bilan de l’année 2016, on notera enfin que le dossier de l’allongement de la piste de l’aéroport a connu un recul majeur. L’allongement de la saison touristique, notamment au printemps, pourrait grandement bénéficier d’un service de transport aérien d’une capacité accrue et à prix abordable que seul l’allongement de la piste rend possible. La forfaitisation efficace de la destination et le développement du tourisme de congrès en dépendent. Après le rejet du projet par le ministre des Transports, Marc Garneau, et le reniement de sa promesse électorale phare par la députée Diane Lebouthillier, quelle sera la prochaine étape ?

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