Les Madelinots suivront les Olympiques de Rio avec une attention toute particulière cette année alors que l’un des leurs, Hugo Barrette, figure au nombre des membres de l’équipe canadienne. Lorsque le pistard de Cap-aux-Meules s’élancera sur la piste du vélodrome de Rio, le 16 août, c’est toute la communauté madelinienne qui retiendra son souffle dans l’espoir de le voir gravir les marches du podium.
L’attention des gens des Îles sera d’autant plus grande que le cycliste de 25 ans fait partie de la courte liste des athlètes québécois dont les chances de remporter une médaille olympique sont bien réelles. De son propre aveu, Hugo n’a aucune intention de se rendre au Brésil pour faire de la figuration. Cette fougue, ce désir de surpassement et cette confiance inébranlable en ses moyens font du jeune cycliste madelinot un modèle de persévérance et de courage dont une communauté comme la nôtre peut s’inspirer.
Le phénix
On s’enthousiasmait déjà de voir Hugo aux olympiques, il y a un an, alors qu’il décrochait trois médailles, dont deux fois l’or, aux jeux Panaméricains de Toronto. C’était avant le terrible accident qui a bien failli lui coûter la vie lors d’un entrainement à Cali, en Colombie, le 27 octobre 2015. Malgré la fracture de deux vertèbres et du nez, un traumatisme crânien et bien des ecchymoses, Hugo Barrette a rapidement repris l’entraînement pour remporter la 2e place lors des championnats mondiaux de Hong Kong trois mois plus tard. Les commentateurs sportifs ont dès lors parlé de l’athlète comme d’un miraculé. On pourrait aussi le décrire comme un phénix qui renait de ses cendres. Au-delà de toutes les figures de style, Hugo est surtout un athlète discipliné, dévoré par la passion du sport et la fureur de vaincre, un homme courageux dont l’éthique de travail et la force de caractère exceptionnelles méritent le plus grand respect.
40 ans après les olympiques de Montréal, nous aurons ainsi la chance de voir, en direct de Rio, un «gars de la place» se mesurer aux meilleurs de sa discipline sur la scène mondiale. Le keirin, la discipline de prédilection de Hugo, est une course de vélo sur piste de 2000 mètres où 6 coureurs s’élancent d’abord derrière un vélomoteur avant d’effectuer un sprint endiablé de deux tours et demi, à 80 km/h. Un sport qui combine la puissance d’accélération, la force psychologique et la rapidité d’esprit pour coiffer la meute au fil d’arrivée.
Parcours atypique
Comme la plupart des athlètes olympiques, le parcours de Hugo Barrette a été semé d’embûches. Ce qui le distingue toutefois, c’est que rien ne le destinait à une carrière en cyclisme. Il n’y a d‘ailleurs dans l’archipel ni tradition, ni infrastructure, ni club d’entrainement en la matière. Le véritable exploit de Hugo, c’est qu’il partage le même cheminement initial que tous les jeunes des Îles, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre les plus hauts sommets dans sa discipline. Il a fréquenté la même polyvalente du secteur public, vécu dans le même milieu, joué dans les mêmes équipes de hockey que ses camarades. C’est à l’âge où le rêve olympique de la plupart des jeunes s’évanouit, à 16 ans, que celui de Hugo Barrette a pris naissance. L’athlète madelinot devient ainsi un modèle, un exemple pour les jeunes, en même temps que la preuve vivante que de vivre son sa jeunesse dans l’archipel ne peut restreindre les plus hautes ambitions. Tous domaines confondus.
Car la détermination, la passion et la rigueur dont l’athlète a su faire preuve sont transposables à tous les champs de l’activité sportive, culturelle, académique ou professionnelle. Au prix bien sûr de moult sacrifices, de l’exil au loin des siens, d’un travail acharné, d’une volonté de fer… et grâce au soutien de ses proches.
Un ambassadeur
Hugo Barrette porte en lui des valeurs familiales et un attachement viscéral envers son archipel natal qui le distingue aussi de bien d’autres personnalités en vue. Il n’a de cesse d’exprimer sa reconnaissance envers ses parents pour leur soutien dans tout ce qu’il a accompli et de souligner les liens filiaux si forts qu’il entretient avec ses 5 frères et sœurs. Ambassadeur des Iles, quand on parle de lui dans les médias nationaux, on parle invariablement des Iles, on parle de nous. Nous avons raison d’être fiers de ce madelinot d’exception. Fiers de ses prouesses, mais fiers surtout des qualités d’excellence qu’il incarne. Quoi qu’il arrive à Rio, Hugo Barrette est déjà un grand champion.